Vendredi 13 décembre, c'était la Cérémonie d’installation de la Promotion « Amédée Bonnet » - 18° promo - pour les élèves de seconde générales et technologiques, et secondes professionnelles MRC et CIEL à l'Institution Lamartine avec le Parrain Jean Michel Armand  et la Marraine : Manon CRAUSAZ. Elle s'est faite en présence des 3° et des lycéens, puis une poursuite de la journée avec une sortie wipe out et canoë à la base nautique de Seyssel.

Discours de Jean-Edouard Brun, Chef d'établissement :

« Je vous accueille en qualité de jeunes élèves du Lycée ; en présence de vos professeurs 

Mais aussi en présence de Mme CRAUSAZ, Marraine de promotion et de M. Jean Michel Arman, Parrain de Promotion qui vous ont fait l’amitié d’accepter cette mission à la demande de Mme SERRA, Présidente de l’Amicale des Anciens Elèves. 

Je remercie aussi de leur présence les amis de l’institution et les parents qui vous entourent en ce jour.  

Pourquoi une installation de Promotion ? 

Nous nous construisons d’abord en imitant puis en nous distinguant pour affirmer notre propre personnalité. 

A nous de nous demander : qui cherchons nous à imiter ? Qui nous inspire ? pourquoi ?  

Littérature, théâtre, cinéma nous invitent toujours à nous mettre à la place du personnage principal 

L’homme se construit par des modèles : en avoir plusieurs et les réinterroger au cours de sa vie. 

Dans l’histoire de Lamartine, plusieurs figures se distinguent. 

En témoigne : 

Plaques commémoratives de marbre devant le bureau de la direction et ailleurs dans le bâtiment 

Limites : Quand on regarde une figure illustre de l’extérieur, cela peut être écrasant : on peut penser parfois qu’ils sont nés parfaits, qu’ils n’ont pas eu de difficultés. C’est en ce sens que l’on dit parfois qu’il ne faut pas se comparer aux autres. Comment ces figures se sont construites ? 

Atout à Lamartine : on les a vu grandir, on peut ainsi percevoir qu’un grand homme ne se fait pas en un jour, qu’il y a eu des combats personnels à mener, que le modèle n’est jamais totalement parfait mais qu’il s’efforce. Une réussite repose toujours sur des équilibres maitrisés. 

• L’installation de la Promo de seconde, ce n’est pas que la présentation d’un personnage inspirant. 

Ce personnage appartient à l’histoire de Lamartine qui est désormais aussi la vôtre, une histoire passionnante qui dure depuis 1753 dont je vous propose de découvrir un fragment.  

Je parle ici devant 

Elèves de Term : Promotion Général DALLEMAGNE 

Elèves de 1 : Figure du Jean Anthelme BRILLAT SAVARIN. 

A la promotion de 2nde GTP 2024 : Promotion AMADEE BONNET 

Une figure qui appartient aussi à l’histoire du Bugey et à l’histoire Lyonnaise.  

C’est l’occasion pour vous de découvrir un personnage dont le buste situé au 2eme étage du collège, sur le palier de l’escalier d’honneur vous étais énigmatique et que vous ne pourrez désormais ignorer.  

Pour situer votre patron de promotion : 

• C’est un médecin et un humaniste qui va jeter les bases de l’orthopédie : chirurgie des pathologies des bras et des jambes : les malformations des os, des articulations,  

• Né au tout début du XIXème siècle : en 1809 à Ambérieu et mourra à 49 après une vie exceptionnelle –  

• On trouve un buste d’Amédée Bonnet au 2eme étage du collège, dans la Marie d’Ambérieu mais surtout une cour intérieure de l’Hôtel Dieu de Lyon lui est dédiée avec une majestueuse statue commémorative. 

• Il fait son collège ici même à Belley et passe 2 bacs à la suite : un bac littéraire à Lyon puis en Sciences à Grenoble. Il sera aussi scientifique que littéraire et tiendra une forte conviction que ces 2 approches du monde se complètent. Qu’être scientifique sans culture littéraire est très préjudiciable. 

Histoire : 

Après ses études, il s’oriente donc vers la Médecine. Il débarque à Paris à l’Age de 19 ans.  

Il y retrouve un autre ancien élève de Lamartine : le Docteur Récamier, plus âgé qui aura laissé son nom à l’hôpital de Belley et qui est le Patron de la promotion 2009. 

Il collabore avec le Célèbre médecin Trousseau qui donnera son nom à l’un des hôpitaux de Paris : « l’Hôpital des enfants malades ». 

Après avoir soutenu sa thèse de médecine, il se présente et est reçu au concours de chirurgien major de l’Hôtel Dieu à 24 ans. Le chirurgien Major, c’est le médecin en chef d’un hopital. 

Il fut D’ABORD 

Un Médecin qui sut innover et soulager la souffrance : 

Chez Amédée Bonnet, il semble que l’innovation scientifique tire son inspiration d’un profond humanisme qu’il a trouvé dans l’étude des Lettres et des Humanités. 

Loin de voir les pathologies comme ne concernant que le corps, il est attentif à soulager l’âme de ceux qui souffrent. 

Il faut bien comprendre la rudesse de la médecine de l’époque. 

Face aux infections des bras et des jambes qui se dégradaient en gangrène, on avait recours de façon assez systématique à l’amputation. A Bonnet développe le recours à la cautérisation et à l’injection d’iode antiseptique et éviter ainsi des ablations inutiles. 

Face aux douleurs articulaires particulièrement lancinantes, A Bonnet expérimente des ponctions pour les résorber. 

Pour une rééducation plus efficace, il invente de nouveaux appareils d’immobilisation des membres qu’il fait fabriquer par un orfèvre. Il a créé les premières attèles. (Gouttières)  

Enfin, contre l'avis de certains de ses confrères, il introduit à l'Hôtel Dieu l'anesthésie à l'éther expérimentée à Boston en 1846 afin de ne pas opérer à vif. 

Par ses découvertes, il a repoussé la pratique des mutilations de l’époque. 

Un homme de conviction et de don 

De conviction tout d’abord 

C’est en 1834 qu'Amédée Bonnet se distingua particulièrement auprès des Lyonnais lors de la révolte des canuts qui fit près de 300 victimes. 

Les canuts : Ouvriers et artisans de la Soie. 

Ils se révoltent contre des salaires trop fluctuants car alignés sur le marché de la soie et contre l’introduction des machines qui menacent leur emploi.  

On est en plein dans les drames de la révolution industrielle avec sa logique trop libérale et productiviste. 

Un des principaux foyers de l'insurrection se trouvait aux Cordeliers où les blessés étaient évacués par leurs camarades dans l'église Saint-Bonaventure.  

Amédée Bonnet, informé de la situation, quitta son poste, bafouant le règlement de l'Hôtel Dieu, au risque de se faire révoquer, et se porta au secours des insurgés.  

C'est l’historien Vingtrinier, qui décrit cette scène surréaliste dont voici un extrait : 

« A la première barricade, il fit de grands signes et appela. Des fusils s'élevèrent au-dessus des chariots renversés près à tirer. Un dialogue s'instaura alors entre le Docteur Bonnet et les manifestants : 
      - Avez-vous des blessés ? 

      - Oui pourquoi ? 

      - Avez-vous des médecins ? 

      - Non, personne. 

      - Voulez-vous les soins du Major de l'Hôtel Dieu ? 

      - Oui venez, il ne vous sera fait aucun mal ». 

Pendant deux jours, inlassablement, le Docteur Bonnet vécut « dans cet enfer » soignant sans relâche. Lorsqu'un bataillon voulut assiéger l'édifice, il sortit au péril de sa vie et s'adressa aux soldats : « Arrêtez ! C'est ici une ambulance et nul n'a le droit d'y entrer, il n'y a là que des blessés. 

Un homme de don ensuite :  

Un travailleur acharné :  

Tout d’abord être chirurgien Major de l’Hôtel Dieu de Lyon EST Une charge écrasante : 

Un engagement de 18 ans - 400 lits – une astreinte de tous les instants. 

Mais il accepte de prendre en parallèle une activité d’Enseignant  et il maintien chaque semaines des consultations dans sa ville natale d’Ambérieu 

• Professeur de l’Ecole de Médecine de Lyon durant 20 ans : pas encore d’université de Medecine à Lyon à l’époque. 

Tous venaient suivre ses cours magistraux sur l’anatomie. 

Grand esprit scientifique, il passa sa vie à étudier pour faire progresser la chirurgie. 

  Sa renommée fut internationale. 

Professeur admiré, il fut surnommé par ses pairs « le Soleil »  

SECOND TRAIT /  Un homme d’Humanités  H et S  

Mais la réputation d'Amédée Bonnet dépasse le milieu médical.  

C'était aussi un esprit littéraire, un philosophe, un humaniste qui soulignait l'importance des lettres et de la science dans l'éducation.  

il est élu à l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon. 

S’intéresse à la formation intégrale de la jeunesse, s’oppose à la séparation entre humanités et sciences dans les études : 

Deux citations le révèlent  

 « Du vrai au Bien, il n’y a qu’un pas, tant le rapprochement est intime entre ce qui éclaire notre esprit et ce qui moralise notre cœur » 

« Séparer sciences et Philosophie ne peut être que nuisible aux progrès des connaissances »  

Titre de son dernier discours : « De l’oisiveté de la jeunesse dans les classes riches  

•  Il y exposait la nécessité de dépasser la notion de travail obligatoire pour aboutir à la passion.  

Conclusion  

Alors, en traversant l'Hôtel Dieu, arrêtez-vous un instant devant la statue visible aujourd'hui dans la cour qui porte le nom de « place Amédée Bonnet », côté rue Bellecordière, et ayez une pensée pour cet éminent médecin, ce grand maître de l'Ecole lyonnaise, d'un caractère profondément humain, dont l'œuvre scientifique permit, dans ce siècle de bouleversements qu'a été le XIXème, de faire des progrès considérables dans l'art de la médecine et de la chirurgie. 

 Pensez à cet ancien élève de votre collège, à votre patron de Promotion. 

Je vous remercie »